Au commencement, le feu. Feu qui crée et détruit, détruit et crée sans fin dans un ballet d’ombre et de lumière. Puissance des univers en incandescence, soleils des nuits profondes. Ou flamme apprivoisée, à l’homme accordée, active force pétrissant la matière sous la volonté d’une main démiurgique.
Puis, le bois. Arbres des quatre saisons, chauds rayons des bourgeons, verts et roux feuillages, branches nues sur gris nuages. Bois qui s’accroit de lumière, s’enfle des sucs de la terre, tend ses ramures vers l’azur.
Là où l’artiste fait feu et bois se rencontrer naît le fusain. La flamme lèche l’écorce, la pénètre et la rompt, enserre le cœur et le calcine. Entre sève et cendres, entre végétal et minéral, l’alchimie alors s’opère. Une beauté, un mystère, extraits de l’arbre en vie, se révèlent dans l’arbre mort, près à une autre vie. Ce noir morceau de lumière, plus qu’un outil, est l’étape première du chemin vers l’œuvre. Au bord de sa destruction, la matière transformée est dès lors appelée à créer.
L’artiste à chaque pas renouvelle les gestes et les pensées de l’homme d’avant l’histoire, celui qui, en ocre et noir, traçait ses peurs, ses désirs, ses prières sur les parois sombres de ses refuges de pierre. Il s’empare de ces techniques archaïques, leur insuffle un esprit neuf, leur fait parler un langage inédit et les déploie dans son époque. Ses peurs, ses désirs, ses prières laissent des empreintes que son art exprime. Il peut ainsi tenter le pari du partage.
Dans son atelier, seul et en osmose, l’artiste poursuit, sans cesse, son chemin créatif et spirituel. Par sa démarche à jamais inachevée, sa nature propre tend à s’unir à la Nature vaste, dont il n’est qu’un éphémère passager. Il y vit, plein d’énergies positives, celles mêmes qui inspirent son œuvre.
Alain Renoy
Puis, le bois. Arbres des quatre saisons, chauds rayons des bourgeons, verts et roux feuillages, branches nues sur gris nuages. Bois qui s’accroit de lumière, s’enfle des sucs de la terre, tend ses ramures vers l’azur.
Là où l’artiste fait feu et bois se rencontrer naît le fusain. La flamme lèche l’écorce, la pénètre et la rompt, enserre le cœur et le calcine. Entre sève et cendres, entre végétal et minéral, l’alchimie alors s’opère. Une beauté, un mystère, extraits de l’arbre en vie, se révèlent dans l’arbre mort, près à une autre vie. Ce noir morceau de lumière, plus qu’un outil, est l’étape première du chemin vers l’œuvre. Au bord de sa destruction, la matière transformée est dès lors appelée à créer.
L’artiste à chaque pas renouvelle les gestes et les pensées de l’homme d’avant l’histoire, celui qui, en ocre et noir, traçait ses peurs, ses désirs, ses prières sur les parois sombres de ses refuges de pierre. Il s’empare de ces techniques archaïques, leur insuffle un esprit neuf, leur fait parler un langage inédit et les déploie dans son époque. Ses peurs, ses désirs, ses prières laissent des empreintes que son art exprime. Il peut ainsi tenter le pari du partage.
Dans son atelier, seul et en osmose, l’artiste poursuit, sans cesse, son chemin créatif et spirituel. Par sa démarche à jamais inachevée, sa nature propre tend à s’unir à la Nature vaste, dont il n’est qu’un éphémère passager. Il y vit, plein d’énergies positives, celles mêmes qui inspirent son œuvre.
Alain Renoy
Pour l’artiste, les techniques utilisées sont les moyens d’un parcours esthétique et spirituel où la lumière naît de la nuit, et la vie de ce qui, en apparence, la nie. Les profondes noirceurs se transmuent en supports de lueurs. Telle est l’alchimie offerte par l’« Oeuvre au Noir ».
A l’aide d’un drap enduit de charbon, l’empreinte de l’épiderme d’un bouleau est prise et projetée sur du papier gravé. Se forme alors un diptyque d’écorce, où végétal et minéral se confondent. Par ses reliefs, par le cadre adapté, le plat dessin prend volume. Sur les deux tableaux, de calmes mouvances claires et sombres se répandent et se répondent, suscitent chez celui qui plonge en ces cieux un paisible songe. D’autres papiers, de diverses couleurs, sont noircis puis lacérés, créant des écorces aux accords pâles et ténébreux, propageant des ondes, teignant les ombres. Des morceaux de fusain se rassemblent en boules, picots dressés protégeant le cœur noir. D’autres bâtonnets, collés en coupe ou en longueur, se sculptent en tableaux. Le travail de l’artiste y libère la lumière, jusqu’alors gardée par la matière, là où la sève irriguait l’arbre vif. Enfin, sur de petits tableaux, papier et charbon racontent l’écorce de l’arbre dont ils viennent. Par ses plis, le fragile produit acquiert une semblance de dureté et de rugosité, retrouve son origine organique, ainsi ferme le cercle de ses mutations.
Précipité dans un brasier, un tronc entier carbonise, prend un pelage de jais aux reflets de lait. Six bouts de poutre s’embrasent, se patinent de halos dans le noir. Hors l’humain, seule force agissante, la nature redevient à elle-même sa propre artiste. Le feu s’accomplit dans son rôle double de détruire pour mieux créer.
A l’aide d’un drap enduit de charbon, l’empreinte de l’épiderme d’un bouleau est prise et projetée sur du papier gravé. Se forme alors un diptyque d’écorce, où végétal et minéral se confondent. Par ses reliefs, par le cadre adapté, le plat dessin prend volume. Sur les deux tableaux, de calmes mouvances claires et sombres se répandent et se répondent, suscitent chez celui qui plonge en ces cieux un paisible songe. D’autres papiers, de diverses couleurs, sont noircis puis lacérés, créant des écorces aux accords pâles et ténébreux, propageant des ondes, teignant les ombres. Des morceaux de fusain se rassemblent en boules, picots dressés protégeant le cœur noir. D’autres bâtonnets, collés en coupe ou en longueur, se sculptent en tableaux. Le travail de l’artiste y libère la lumière, jusqu’alors gardée par la matière, là où la sève irriguait l’arbre vif. Enfin, sur de petits tableaux, papier et charbon racontent l’écorce de l’arbre dont ils viennent. Par ses plis, le fragile produit acquiert une semblance de dureté et de rugosité, retrouve son origine organique, ainsi ferme le cercle de ses mutations.
Précipité dans un brasier, un tronc entier carbonise, prend un pelage de jais aux reflets de lait. Six bouts de poutre s’embrasent, se patinent de halos dans le noir. Hors l’humain, seule force agissante, la nature redevient à elle-même sa propre artiste. Le feu s’accomplit dans son rôle double de détruire pour mieux créer.